les souffrances du jeune relieur

Demandez à Jocelyne ou Gilles, Gérard, Michelle...

Vendredi 2 février 2024

Demandez à Jocelyne ou Gilles, Gérard, Michelle Sylvie ou Marie-Hélène de raconter la souffrance d’une ouvrière ou d’un ouvrier à l’atelier reliure.

D’abord, il a besoin de silence, ce qui n’est pas trop le style de la maison auberbabel. Autour de lui fusent les sujets de conversation les plus variés (les haggies, la chorale qui chante faux, la recette des gâteaux polonais, les listings incomplets…), comment couper droit et coller juste dans ces conditions ?

Noyés dans les cartons , les tranchefiles, les signets, les jaquettes, les bordures, les toiles, les pages de garde… ils résistent. Le spécialiste, qui fait de la reliure depuis sa petite enfance, reste calme et essaie de prévenir les éventuelles erreurs avant que la colle ne les rende définitives.

Le plus impressionnant, c’est l’ambiance : tension pour arriver vite à l’étape suivante, chacun gardant en tête l’image du livre fini que chacun pourra admirer. Ambiance mi-collective, on travaille à la même table, on est ensemble mais on est seul sur sa tâche. Ambiance de solidarité aussi, on n’hésite pas à lancer un SOS à son voisin, et en dernier recours, pour sa fierté, au prof. Ambiance de complicité amicale de ceux qui participent à une grande œuvre.

Moi, étrangère à cette activité artisanale — et parfois, souvent artistique — j’observe avec grand plaisir cette effervescence en mangeant du chocolat, en écrivant des mails (pour auberbabel) ou en rédigeant mes textes.

Monique

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